La vague du « tout gratuit sur Internet » pousse de nombreux randonneurs  à se contenter de traces téléchargées au hasard sur des sites spécialisés. Nous nous permettons, dans un but de mise en garde, de souligner les travers de cette pratique.

Notre travail de recherche de sentiers et d’itinéraires s’effectue bien sûr sur le terrain mais également à partir de toutes les sources documentaires disponibles. Parmi ces sources citons: quelques livres, de la documentation issue des instances officielles (Municipios, Cabildo), des articles de journaux ou de périodiques,  des blogs… et surtout les sites spécialisés dans la mise en ligne d’itinéraires, le site le plus populaire et le mieux documenté en ce qui concerne l’île étant vraisemblablement Wikiloc.

Au fil des ans et de centaines de téléchargements, nous pouvons nous vanter d’être devenus des experts dans le décryptage des propositions qu’on peut y collecter 🙂 . Nos critiques récurrentes sont évidentes:

  1. L’algorithme fait la part belle aux pages les plus visitées. De cette manière certains itinéraires, intéressants ou non, sont voués à devenir de plus en plus populaires alors que d’autres, plus intéressants, noyés dans la masse, disparaissent. Et c’est bien dommage !
  2. Faites l’expérience : recherchez sur Wikiloc « Arco Coronadero ». Cet endroit est très populaire auprès des touristes parce que très proche des grands complexes hôteliers du Sud et permettant des photos spectaculaires… de quoi actualiser son profil Facebook 🙂 ! Des centaines de touristes n’ont fait qu’une sortie dans l’île mais sont allés jusque là. Résultat: des centaines de propositions, dans toutes les langues… et la preuve que de nombreux contributeurs ne se soucient guère de la qualité de ce qu’ils proposent: ils ne font même pas l’effort de vérifier si leur proposition n’a pas déjà été faite par d’autres auteurs!
  3. Continuez de creuser… Des itinéraires sont rigoureusement identiques mais leurs caractéristiques (distance, dénivelé, temps de marche) sont grandement différentes. Le temps dépend évidemment du marcheur et des pauses qu’il a pu faire. En ce qui concerne la distance et le dénivelé, la « faute » incombe certes aux appareils qui ont été utilisés pour relever la trace, leur fiabilité étant très variable, mais aussi aux contributeurs qui sont parfois sans recul quand il s’agit d’étaler leurs performances: à quoi sert d’afficher une distance à la dizaine de mètres près lorsque un ordre de grandeur, au ½ km près, serait largement suffisant ? sans compter ceux qui affichent sans ciller des résultats absurdes tels qu’un dénivelé de 8000 m sur une sortie de 5 km (un grand classique: un passage très encaissé en fond de barranco où le GPS a perdu à plusieurs reprises ses repères 🙂 )!
  4. Creusez encore… Le même itinéraire est annoncé par les uns comme « Facile » lorsque d’autres vous diront qu’il est « Très difficile ». Entre le contributeur qui n’a jamais marché ailleurs que dans le jardin public de sa ville et celui qui tire sa gloire d’un perpétuel « Même pas peur », qui dit le vrai? Comment savoir?
  5. Difficile en effet de savoir, d’autant plus que peu de propositions sont réellement argumentées par leurs auteurs façon « Je fais cadeau de ma trace, ne m’en demandez pas plus! » Et, de toute façon, si vous ne lisez ni l’Espagnol, ni l’Anglais, ni l’Allemand, vous allez avoir du mal à vous renseigner!
  6. Il est rare que les auteurs présentent les points négatifs de leurs propositions. Toujours avec notre exemple de l’Arco Coronadero, quels auteurs disent avec objectivité que pour y accéder il faut traverser une zone jonchée des plastiques envolés d’une immense décharge voisine ? Décharge qui, de surcroît, empeste…
  7. Tous les auteurs ne sont pas des esthètes… Beaucoup par exemple confondent une vue ample, avec une belle vue. La vue ample vous fait voir large et loin mais si ce que vous voyez c’est un champ d’éoliennes, l’aéroport et des zones commerciales, ce n’est pas une belle vue! De la même manière, des itinéraires entiers sur goudron ne semblent pas incommoder certains auteurs.
  8. Certains auteurs ne visent qu’à « faire du chiffre », ils affichent TOUTES leurs sorties sans aucun discernement. Et s’ils maîtrisent bien les rouages du site, ils sont assurés d’un bon « référencement ». Leur fierté: voir s’afficher leurs propositions en tête de toutes les recherches… peu importe si la qualité de ce qu’ils proposent ne suit pas!
  9. Sans compter les traces incomplètes… Non, je n’exagère pas, le nombre de traces non conformes est important. Et prouve que leurs auteurs n’ont même pas eu la curiosité de regarder ce que ça donnait façon « Je pose ma trace comme un chien pose sa ***de! ».
  10. Enfin, un point fondamental à La Grande Canarie: de quand date la trace qui m’intéresse? Au-delà de 3 ans d’âge, personnellement, je deviens très réservée sur les chances de suivre un parcours totalement atypique et « hors des sentiers battus »!

 

En résumé: les Traces .gpx c’est comme les bonbons, on ne les accepte pas des inconnus! Vous allez faire un long voyage pour randonner à La Grande Canarie, ne vous fourvoyez pas dans des itinéraires, au mieux sans intérêt, au pire dangereux.

Pardon pour cette critique acide, peu constructive, mais nous regrettons que ces sites collaboratifs qui, potentiellement, sont de formidables outils de divulgation de la connaissance sombrent dans une relative médiocrité, essentiellement par manque de régulation! Le gratuit est-il voué à être médiocre?

Une dernière remarque : À La Grande Canarie, même des Traces « officielles » (i.e. téléchargées sur le site d’un Ayutamiento ou du Cabildo) peuvent ne pas être fiables. Une extrême prudence est de mise.

Assurez-vous de vos sources !

PS: En tant que contributeur, il nous parait plus pertinent d’enrichir la Carte OpenStreetMap. C’est notre choix!